Ces 50 dernières années en France, on a pu constater entre 10 et 15 citoyens par an qui ont trouvé la mort sous les coups des forces de police.
Il y a de nombreuses associations qui parlent de ce problème depuis des années, mais le phénomène est stagnant. Moi-même, je l’ai évoqué de manière artistique, à de nombreuses reprises, que ce soit sur disque ou sur scène et lors de manifestations publiques.
Le problème aujourd’hui est qu’on ne fait que des constats, que l’on ne se mobilise plus. Que sont devenus les grandes associations de défense de la population ? Les journaux et la télévision ne donnent qu’un son de cloche : si on meurt sous les coups de la police, on le mérite forcément d’après eux.
Peu importe le délit, peu importe la personne, peu importe d’où elle vient, peu importe ce qu’elle a dit, ce qu’elle a fait, un policier qui veut arrêter quelqu’un peut le faire de différentes manières sans tuer. On ne parle pas ici de terroristes avec des ceintures d’explosifs ou de miliciens armés qui envahissent les rues, mais de citoyens.
Même si ce citoyen en question a commis un délit, un crime, même s’il est vindicatif, un policier peut l’immobiliser sans le tuer. Quiconque prend des balles dans les jambes ne pourra plus se déplacer et sera interpellé, sans pour autant atteindre la mort.
Pourquoi tirer systématiquement dans le corps, la poitrine, la nuque, la tête, et même dans le dos sans sommations ?
Un audit sur la formation et le suivi des nouveaux policiers est primordial. Un policier qui panique dans une situation inhabituelle commet des drames. Pour lui, pour la victime, pour la famille de la victime, pour tout un quartier. Une grande remise en question est nécessaire.
La vétusté des commissariats et les conditions de travail d’un policier ne sont ni des excuses, ni des conditions logiques à ce que ces drames arrivent : les autres corps de métier sont bien plus exigeants sur la qualité de leurs salariés et n’hésitent pas à déclarer des fautes graves, peu importe la couleur des murs, la propreté des toilettes ou les pannes de micro-ondes et de machines à café.
Celui qui n’est pas fait pour un métier doit changer de métier. De lui-même ou par sa hiérarchie.
Ce n’est pas aux familles d’en pâtir.
Je parle ici de police, gendarmerie, mais l’univers carcéral a aussi son lot de drames.
Thibault, Baba, Sullivan, Adama, Steve, Nahel, Ibrahima, Enzo, Bouna, Zyed, Babacar, Larami, Moushin, Youcef, Cédric, Mohamed, Aboubacar, Souheil, Jawad, Zineb, Gaye, Rémi, Amadou, Loïc, Amine, Wissam, Lamine, Makomé, Aïssa, Malik… la liste est si longue.
Les hiérarchies couvrent et minimisent les faits, la justice manque curieusement de sévérité et les journalistes, éditorialistes, chroniqueurs et personnalités politiques applaudissent et défendent corps et âmes des policiers qui volent des vies aux familles.
Je devrais imprimer un livre si je m’étendais sur la sociologie de ce phénomène. Il suffit d’ouvrir les yeux sur les visages des victimes, sur leurs noms et sur les lieux où ils résidaient, pour se rendre compte que l’extrême majorité d’entre eux sont des hommes, d’apparence non-blancs et issus de quartiers populaires enclavés en périphérie des villes, là ou l’on construit des habitats collectifs, des tours et des barres d’immeubles depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ces mêmes quartiers où les services publics sont en fuite.
Le match retour d’une rencontre qui avait commencé avec un match aller à l’extérieur, sur les continents africains, asiatiques et sur de très belles îles des océans atlantiques, pacifiques et indiens. On y avait déjà pris l’habitude de placer les autochtones au ban de la société et de les maltraiter, un premier acte pour peut-être tester les armes.
Des élections européennes au résultat honteux, une dissolution de l’assemblée nationale honteuse, un pouvoir qui prend des risques honteux, repartir sur de nouvelles élections législatives… l’urgence de l’écriture pour crier « LA HONTE » ressentie dans ce contexte.
Rien de mieux que la musique pour s’exprimer sur le sujet.
Paroles :
Extrême droite en tête,
Nouvelles élections,
Médias et journalistes en fête,
Nouvelles érections,
Femmes, hommes, politiques, à la tribune,
Dans les médias, plateaux tv, combien d’idées ? Aucune !
Ils font semblant d’avoir peur, mais peur pour leur… fortune !
Risque d’avoir des excités au pouvoir dans nos communes,
À cause de qui ? À cause de quoi ? De nos propres lacunes,
Quand on prend la parole, on vous importune, chacun, chacune,
Nos médias : un grand cirque,
On regarde ça, loin des criques,
Aucun d’vous tous, ne parle de nous tous,
Loyer impayé, interdit bancaire, repas sur le pouce,
On est payé le 5, on a plus de fric le 15,
À découvert du 16 au 30, l’espoir est mince,
Le prix du carburant, la pompe porte bien son nom,
Rien d’rassurant, Jordan la honte porte bien ton nom,
Marine, ta nièce Marion a bien porté ton nom,
Condamnée par la justice, les tribunaux connaissent ton nom,
Ras l’bol dans vos informations,
Ceux qui votent à l’extrême droite,
Ce s’rait l’fruit d’une contestation,
C’est pas raciste, c’est démocrate,
Écoute la rue et lis les tweets,
Beaucoup ont des discours racistes,
Des prolétaires qui se défoulent,
Qui cherchent des coupables trop faciles,
Beaucoup trop sont manipulés,
Ne voient pas qu’ils s’font enfilés,
Ils passent toutes leurs journées aigris,
à s’exciter, à s’énerver
Des cerveaux manquants de formation,
Des gens, qui se trompent de cibles,
Éducation médiatique,
Qui crée un peuple irascible,
Pendant que vous faites votre cirque,
Personne ne parle du manque de fric,
Les prix sur des produits basiques,
À peine tu manges, tu crames ton smic,
Qui parle des femmes battues,
Qui parle des dos cassés,
Qui parle des drogues de nos rues,
des gosses abusés,
des hôpitaux abandonnés,
On nous sépare entre : gens de gauche, gens de droite,
On nous sépare entre : gens des villes, gens des campagnes,
On nous sépare entre : carte françaises, cartes de séjours,
On nous sépare entre : gens croyants, et gens athées
Tout ça dans l’but de nous aveugler,
pour qu’on ne voit pas qu’on est majoritaires,
Nous sommes pauvres et trop malmenés,
face à des riches minoritaires,
De gauche ou de droite, ils gagnent tous mieux qu’toi,
Maire, élu, député, ils s’moquent de nous du haut d’leur toit,
Les plus riches gouvernent, les plus pauvres votent pour eux,
Tu votes contre l’islam, l’immigration, le vote peureux,
Tu crois aux fables qu’on te raconte, ton cerveau est poreux,
Pendant qu’ta peur augmente sur ton voisin, il prennent tout ton fric pour eux,
Depuis quand les millionnaires aident les pauvres ? Branche ton cerveau !
Tu jalouses et tu crains tes semblables, c’est pas un phénomène nouveau,
J’répète, la vraie bataille, c’est celle des nombreux pauvres contres quelques riches,
Nos divergences sont des diversions, pour continuer d’encaisser sur notre dos.